Striatum, génétique, liberté et Stoïcisme¶
Et si on adoptait, le temps d'un instant, un regard un chouïa (« tantinet » pour les non-Belges) philosophique sur notre rapport à la consommation...
Dans son livre « Le bug humain » – que je prends enfin le temps de lire, j'en suis à la moitié – Sébastien Bohler explique en quoi le striatum, en inondant le cortex de dopamine, est, ou du moins a été, essentiel à la survie de l’espèce humaine.
Cette dopamine est un genre de récompense que reçoit l’Homme quand il accomplit quelque chose qui favorise sa survie.
Il y a cinq types d’actions qui engendrent un shoot de dopamine :
- Manger ;
- Se reproduire ;
- Améliorer son statut social ou dominer ;
- Étudier son environnement (pour manger, se reproduire ou dominer) ;
- Et tout ça, avec un minimum d’efforts.
Sébastien Bohler nous explique alors comment ceci engendre le biais de comparaison sociale, autrement dit le besoin irrépressible de se comparer aux autres.
Ajouter à cela le besoin tout autant irréfrénable de dominer, et donc d'avoir plus que les autres, et on comprend vite que la société de [sur]consommation n’est en fait rien de plus que le résultat de l’assouvissement de nos pulsions naturelles.
En d'autre termes, nous sommes génétiquement programmés pour en vouloir toujours plus et une bonne partie des entreprises ont bien compris comment jouer sur ce désir pour vendre leur produits et services.
Je n'ai pu m'empêcher de faire un lien entre ceci, ce qu'on entend et lit continuellement dans les débats sur la post-croissance, la décroissance, la durabilité ou, de façon plus globale, sur la transition énergétique ou la transition écologique – que demander aux citoyens de modérer leur [sur]consommation, ce serait une atteinte à leur liberté – et la conception de la liberté selon les Stoïciens.
Un peu de philosophie n'a jamais tué personne (et n'engendre pas d'émissions de CO₂)...
Selon les Stoïciens, la liberté, la vraie, est l'aptitude qu'à l'être humain de se libérer de ses passions, ie d'aller à l'encontre de son instinct primaire, de ses pulsions, afin de devenir un être vertueux qui est le seul moyen d'accéder au bonheur.
En effet, à son origine, et quand les Stoïciens en parlent, « passion », pathos en grec, voulait dire « souffrance » et même « souffrance subie » et indique donc une forme de passivité.
De ce fait, succomber à ses passions est, selon les Stoïciens, les subir et si elles sont subies, il n'y a plus rien de « libre » là-dedans.
J'aime beaucoup cette vision des choses parce qu'elle permet, selon moi, de remettre en perspective le lien qui est continuellement établi entre consommation et liberté.
Si la vraie liberté est l'aptitude de ne pas céder à ce que nous dictent nos pulsions, par exemple la [sur]consommation, alors y succomber devient inévitablement l'inverse, une prison, une cage avec des barreaux dorées et potentiellement les derniers indispensables gadgets à la mode partout, mais une prison, malgré tout.
Pour en savoir plus sur le Stoïcisme
Je ne peux que recommander les différents podcasts réalisés par le Précepteur, Charles Robin :